Marie-Bernadette Dufourcet
Marie-Bernadette Dufourcet

Les 'Pange lingua' anonymes dans les Flores de música de Fray Martín y Coll

Histoire, Humanisme et Hymnologie, Mélanges offerts au Professeur Édith Weber, Textes réunis par les Professeurs Pierre Guillot et Louis Jambou, Paris, Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, 1997, Coll. Musiques/Écritures - Série Études,  p. 369-381 (13 p.).

 

            Ce qui frappe avant tout dans ces pièces, c'est l'attachement à l'héritage du passé lointain (le XVIe siècle), considéré comme la suprême référence : enchaînements harmoniques, sentiment modal, archaïsmes de la notation, notation blanche étendue aux valeurs les plus courtes, signes proportionnels, multiplicité des clefs, absence presque totale d'ornementation du thème, rareté du cantus firmus migrans. L'organiste espagnol de la fin du XVIIe siècle continue à apprendre son métier en se référant aux fondements stylistiques établis par Cabezón. Le clavier unique dans l'orgue castillan n'a pu que favoriser cette attitude esthétique.

 

            A défaut de provenir de la registration, la variété de ces oeuvres découle de la présentation du thème, d'une pièce à l'autre; celle-ci illustre, de façon assez complète, l'art de la variation à l'espagnole: passage du cantus firmus à différentes tessitures, effectif et type d'accompagnement variés, changement de tempo. Cependant, ni le langage ni la technique ne se renouvellent dans le répertoire du verset, à l'image de l'ensemble du répertoire organistique espagnol du XVIIe siècle: après être parvenu à des sommets avec Cabezón, puis Correa de Arauxo, le style hispanique s'enferme dans la tradition, portant en lui les germes de son déclin. Cependant, il brillera encore, mais de ses derniers feux, grâce au dernier des grands organistes espagnols, contemporain de Martín y Coll, le valencien Joan Cabanilles (1644-1712).

 

Version imprimable | Plan du site
© Marie-Bernadette Dufourcet