Marie-Bernadette Dufourcet
Marie-Bernadette Dufourcet

Figures et symboles dans les motets de Guillaume de Machaut

Machaut 2000, éd. Profs. Nigel Wilkins et Jacqueline Cerquiglini, Université de Paris IV, Paris, PUPS, 2002, coll. Musiques/Ecritures, p. 71-94 (24 p.).

 

            "Le motet est un type de chant qui ne devrait pas être diffusé parmi les gens communs, car ils ne comprennent pas sa subtilité et ne se délectent pas à son audition ; mais il devrait plutôt être exécuté parmi les gens lettrés et ceux qui recherchent les subtilités artistiques". C'est en ces termes sans nuances que Jean de Grouchy définit l'esthétique du motet[1]. Cette définition s'applique partiuclièrement bien aux motets de Guillaume de Machaut qui imprègne musique et textes d'allusions symboliques.

            Les symboles sont nécessaires à l'homme du Moyen Âge pour arriver à l'essence des choses entre lesquelles existe un rapport étroit. Huizinga remarque justement que nulle vérité n'était présente à l'esprit médiéval que la parole de Saint Paul aux Corinthiens : Videmus nunc per speculum in aenigmate, tunc autem facie ad faciem[2]. le plaisir esthétique consiste alors à discerner les liens surnaturels unissant les objets entre eux et au macrocosme, selon le plan unique de Dieu.

            Les architectures sonores élaborées par Machaut sont à comtempler dans cet esprit et non pas, seulement, en tant que réalités objectives autonomes, à travers l'analyse des symboles contenus dans les textes, les cantus firmi, la musique et l'organisation numérique qui a présidé à la création de l'ouvrage.

 



[1] Die Quellenhanschriften zum Musiktraktat des Johannes de Grocheio, ed. Ernst Rohloff, Leipzig, d'apèrs éd. de 1943, VEB Deutscher Verlag für Musik, 1967, p. 144 : Cantus autem iste non debet coram vulgaribus propinari, eo quod ejus subtilitatem non (anim-)advertunt nec in ejus auditu delectantur, sed coram litteratis et illis, qui subtilitates artium sunt quaerentes.

[2] "Nous ne voyons présentement que dans un miroir obscurci et par énigme, mais alors nous verrons d'un regard direct", cité par ECO (Umberto, p. 91-92. Pour les références complètes des sources, se reporter à la bibliographie.

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© Marie-Bernadette Dufourcet